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Football en Afrique : des compétitions panafricaines prestigieuses mais épuisantes

Le retour des compétitions interclubs sur le continent sonne le vrai début de la saison 2024-2025. Les clubs retenus pour le premier tour qualificatif de la Ligue des champions et de la Coupe de la Confédération africaine de football (CAF) retrouvent les terrains, avant le coup d’envoi des championnats nationaux de football, dont la plupart n’ont pas encore repris.
Les matches allers ont ainsi débuté vendredi et se sont poursuivis lundi 19 août (les matches retours se joueront dès jeudi et jusqu’au 25 août), et les clubs qui ambitionnent d’étirer leur parcours savent que ces deux compétitions sont un véritable marathon. Les finales sont en effet programmées au mois de mai 2025. Patrice Beaumelle, l’entraîneur du Mouloudia Club d’Alger, champion d’Algérie en titre, a parfaitement intégré cette donnée. Son équipe a vaincu 2-0, samedi soir, les Libériens de Watanga FC lors de ce premier tour à Alger. Elle accueillera également le match retour, jeudi, le stade de Watanga n’étant pas homologué par la CAF.
« Si on se qualifie, nous jouerons contre le vainqueur d’AS PSI (Tchad)-Monastir (Tunisie) pour une place en phase de groupes, développe Patrice Beaumelle. Là, chaque équipe joue six matches pour espérer atteindre les quarts de finale. » Si elle atteint la finale, la formation algéroise aura disputé au total seize matches, dont la moitié loin de chez elle.
Or l’Afrique est un continent vaste, où les liaisons aériennes ne sont pas toujours directes. Les voyages peuvent donc être longs et éprouvants. « On sait que la Ligue des champions et la Coupe de la CAF sont énergivores, poursuit l’ancien sélectionneur de la Zambie. On part plusieurs jours en déplacement, il faut s’adapter au climat local, aux terrains, et cela fatigue des organismes déjà sollicités par les compétitions domestiques et les matches des équipes nationales pour les joueurs qui sont internationaux. » Le sélectionneur explique que cette dimension a pesé dans le recrutement de joueurs rodés à ces exigences continentales lors du dernier mercato.
L’attaquant ivoirien Aubin Kramo Kouamé, qui évolue désormais à Simba SC, en Tanzanie, et dont l’équipe n’entrera en lice qu’au deuxième tour de la Coupe de la CAF, a déjà disputé trente-huit matches de Coupe d’Afrique, la majorité avec l’ASEC Mimosas, son ancien club. Et son constat tiré de son expérience personnelle est limpide : « Ceux qui vont le plus loin sont les plus forts mentalement et physiquement. Il faut savoir gérer les longues heures d’avion, les escales et les problèmes qu’on peut rencontrer. »
Le buteur, qui n’a rien oublié d’un voyage au Nigeria avec l’ASEC en février 2023 lors d’un match de Coupe de la CAF contre Rivers United, poursuit : « Arrivés à Lagos, nous avons dû faire cinq heures de bus en pleine nuit pour rejoindre Uyo, où le terrain d’entraînement que nous devions utiliser n’était pas disponible. Cela s’était terminé en bagarre ! Il faut être prêt à accepter toutes ces contraintes. » « Mais cela en vaut la peine, conclut Patrice Beaumelle, qui partage ce point de vue. Car ces compétitions interclubs sont belles à jouer. »
Elles peuvent également être coûteuses économiquement, justement à cause des frais parfois très lourds imposés par les déplacements. D’autant qu’en Ligue des champions, par exemple, seules les équipes qui atteignent la phase de groupes reçoivent une dotation de la CAF, qui oscille entre 91 000 euros pour les quatrièmes phases et 3,6 millions d’euros pour le club vainqueur. « En Afrique, certains clubs comme Al-Ahly (Egypte), Mamelodi Sundowns (Afrique du Sud) ou l’Espérance Tunis (Tunisie) disposent de budgets très importants et peuvent donc recruter des joueurs de haut niveau, leur proposer des primes et des salaires élevés et les faire voyager en avion privé. Mais la plupart des clubs n’ont pas ces ressources, et rivaliser est compliqué pour eux. Chez nous, la moyenne des salaires est d’environ 1 500 euros par mois », explique l’ancien international congolais Papy Kimoto, désormais entraîneur de l’AS Maniema (République démocratique du Congo, RDC), dont l’équipe a fait match nul, dimanche à Lusaka, en Zambie, contre les Zimbabwéens de Ngezi Platinum au premier tour de la Ligue des champions.
Le club de Kindu n’a donc ni les moyens de recruter des joueurs de premier plan, ni de se déplacer en avion privé. Certains clubs peuvent cependant compter sur le support de leur Etat quand ils sont engagés dans les compétitions panafricaines. C’est le cas de ceux de RDC, dont les frais de vols, d’hébergement et de restauration sont pris en charge par Kinshasa. « Sans cette aide, cela serait très difficile à supporter pour un budget comme le nôtre. Les billets d’avion en Afrique coûtent cher, chaque déplacement revient à plusieurs dizaines de milliers d’euros », précise Guy Kapia Kirongozi, le vice-président de l’AS Maniema.
Face à ces difficultés croissantes, la CAF avait revu à la hausse, en 2023, le montant des dotations versées aux clubs. « Pour espérer gagner de l’argent, ou au moins ne pas en perdre, il faut au minimum atteindre les quarts de finale. Et ce sont presque logiquement toujours les clubs les plus riches que l’on retrouve à ce stade », résume le dirigeant d’un club subsaharien qui a souhaité rester anonyme. Une tendance qui s’est largement vérifiée ces dernières années dans les deux compétitions.
Alexis Billebault
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